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Blacko: "Moi-même je me soigne avec la musique et elle m'accompagne tous les jours!"
Interview May 7, 2024

Blacko: "Moi-même je me soigne avec la musique et elle m'accompagne tous les jours!"

Blacko, vétéran de la scène reggae/rap et ex-membre du groupe Sniper, n'est plus un artiste que l'on présente. Après la parution de ses projets personnels 'Enfant Du Soleil' (2008), 'Le Temps Est Compté' (2014), 'Dualité' (2015), 'État D'Âme' (2016) ou encore 'B.L.A.C.K.O' (2017), il a annoncé la sortie de son nouvel album, intitulé 'Chakras'. Entretien avec lui pour en savoir plus...

By JP Linard

Blacko, tu viens d’annoncer la sortie de ton nouvel album ‘Chakras’…
Blacko: “Oui, c’est un album reggae, avec des messages positifs et conscients. Mes paroles pourront accompagner les gens dans les moments difficiles et j’ai envie qu’elles les aident. Je chante pour le peuple! L’essentiel, pour moi, ce sont les messages et l’authenticité. Toucher et aider les personnes qui écoutent mes morceaux, c’est mon salaire, même si le chèque est invisible. L’argent, il en faut, mais je préfère l’humanité. Si on me donne des sous, je n’ai pas de frissons, mais quand je donne du love et de la force avec ma musique, là ça m’en donne. Les êtres humains, ce sont mes disques d’or solaire, car ils ensoleillent mon âme!” 

La musique est un médicament naturel!
Blacko: “Oui! Moi-même je me soigne avec la musique et elle m’accompagne tous les jours! Elle nous accompagne tous. Elle reflète nos humeurs et nos émotions. Elle peut soulager, unifier, ouvrir les yeux et entre guillemets, éduquer. Le plus important pour moi, c’est de faire du bien avec ma musique.”

Tu donnes beaucoup d’amour et de force musicale à ton public. Est-ce qu’il te le rend bien?
Blacko: “Oui! Le public me donne beaucoup d’amour et il m’apporte énormément de vibrations positives, ça fait du bien! Certains me font même des cadeaux et je les remercie tous!”

Pourquoi avoir choisi d’appeler ce nouvel album ‘Chakras’?
Blacko: “Car je suis un homme de spiritualité. Je m’intéresse aux chakras depuis que je suis allé en Inde. Ça me tenait à cœur de l’appeler ainsi.”

Tu es un homme de spiritualité depuis longtemps, ça ne date pas d’hier, même avec Sniper, on t’a connu comme ça.
Blacko: “Oui, c’est vrai. J’étais le Jean-Claude Vandamme de l’équipe (rire), mais il frappe fort dans le cocotier J-C (rire).”

Comme tu l’as dit plus haut, ton album ‘Chakras’ est reggae, on a pu découvrir certains extraits. Mais également le morceau ‘Les Étoiles’, qui lui, est plus orienté rap…
Blacko: “Le titre ‘Les Étoiles’ c’était un petit bonus, il n’est pas sur ‘Chakras’. L’album est 100% reggae. Je m’oriente plus vers le reggae, parce que le rap demande une prostitution artistique, mais mon art ne veut pas tendre sa fesse, il ne veut pas s’affaisser non plus et prendre des fessées, encore moins! Dans mon reggae, je suis authentique et musicalement libre. Je peux sortir des morceaux orientés rap, mais pas au format actuel. J’ai envie de faire un rap qui dénonce, sur le covid, le gouvernement, la planète et la nature, etc. J’ai envie de propager des messages conscients, car il faut que le peuple arrête de se battre entre eux! Notre ennemi c’est le système! La planète part en couille et il y a des distracteurs qui sont là pour amuser le monde. Tu t’amuses, mais ton âme elle s’use!”

Les riddims de ce nouvel album viennent de différents beatmakers?
Blacko: “Non, on travaille avec un gars à nous, qui s’appelle Loris. Je fais quelques riddims aussi, mais pour l’album ‘Chakras’, c’est Loris. J’ai fait un seul riddim, pour le titre ‘Cé Ou’, un morceau dédié à ma princesse, que j’ai composé et écrit pour l’album. Et les guitares sont jouées par Kubix. Pour l’album qui viendra après et qui s’intitulera ‘Frères d’Armes’, je vais essayer de faire la majorité des riddims ou au moins la moitié. Big up Loris! Il est professionnel et efficace! Mais quand on m’envoie des riddims qui me parlent, je peux les utiliser aussi.”

Justement, pour les beatmakers, où peuvent-ils te contacter pour t’envoyer des riddims?
Blacko: “Sur www.Blacko.fr, il y a une adresse e-mail de contact . Je suis un peu cruel, car quand c’est dead, je ne réponds pas, mais quand c’est vraiment nul. Peut-être qu’ils veulent percer, mais là, ils percent mes tympans. Les gars doivent encore évoluer et innover. Mais j’ai parfois de belles surprises de beatmakers inconnus aux bataillons. J’aime recevoir des riddims originaux, uniques, qui sortent du lot.”

Tu nous as parlé de Kubix plus haut. D’où vient ta connexion avec lui?
Blacko: “C’est quand je faisais ma tournée pour l’album ‘Enfant Du Soleil’. Il était avec un groupe et j’ai eu l’occasion de jouer avec lui. J’ai vraiment apprécié la prestation. Depuis, quand j’ai besoin d’un guitariste, je pense directement à lui. Il est intuitif et il maîtrise vraiment sa guitare. C’est un des meilleurs guitaristes reggae du milieu! Big up Kubix!” 

Dans le reggae, les couleurs vert, jaune, rouge sont présentes. Mais certains artistes ne sont pas authentiques et mettent en avant ces couleurs sans savoir ce qu’elles représentent. Quel est ton opinion?
Blacko: “Ce sont les codes, le code de couleur. J’ai mon débardeur vert, jaune, rouge, mais ce sont mes vêtements de tous les jours. Ces couleurs ont un sens et il ne faut pas jouer avec elles. Ces couleurs viennent de l’Éthiopie et du nyahbinghi. Comme quand je suis en concert et que je crie Jah, le public crie Rastafari. Mais certains ne connaissent pas les significations. Ils savent peut-être que c’est divin, mais ne savent pas d’où ça vient réellement. Parfois, malheureusement, les gens n’ont pas la connaissance et ils jouent un rôle, ça c’est décevant. Même chez les artistes, le reggae est pris en otage! Beaucoup devrait arrêter de faire du pseudo reggae!”

Je suis totalement d’accord avec toi! Revenons à ton album ‘Chakras’. Est-ce qu’il sera disponible en version physique?
Blacko: “Oui. Il sera sur toutes les plateformes et il y aura des versions physiques. Les premiers qui recevront le CD, seront ceux qui ont participé à la cagnotte. Mais on va en presser plusieurs qui seront en vente sur le site et lors de mes concerts. On est indépendant à 100% et on en pressera au fur et à mesure, au rythme de nos avancées. Mais peut-être qu’on aura une proposition d’un distributeur ou d’un label.”

Que penses-tu du style musical, le shatta?
Blacko: “Chacun fait ce qu’il veut, mais je ne suis pas pour le shatta. Il ne met pas la femme en valeur et il est grandement porté sur le sexe. Le shatta n’est pas une culture, c’est une mode, cela existe depuis 10 ans. Il ne faut pas mélanger culture et mode. Je suis un homme qui respecte la femme, j’ai des valeurs et je prône l’amour, le respect, la fidélité, l’affection! Et je veux être le meilleur exemple pour mes enfants. Mais si c’est un shatta conscient, là, il n’y a pas de soucis.”

Comme Sista Jahan, qui peut envoyer des morceaux dancehall ou autres, avec des lyrics conscients. Sista Jahan, que je big up au passage!
Blacko: “Yeh! Big up Sista Jahan! Elle envoie que des messages conscients et positifs, même sur du dancehall! Respect à Sista Jahan! Et c’est pareil pour le rap, tu peux prendre une instrumentale qui pue la bagarre et poser un texte conscient dessus.” 

J’aimerais que tu nous dises quelques mots sur Selecta Rachid (membre du sound system belge Jahwed Family, actif depuis 2002) qui t’accompagne sur plusieurs dates de ta tournée 2023/2024. Selecta Rachid, que je big up également au passage!
Blacko: “Big up et respect à Selecta Rachid! On a une bonne affinité. J’aime sa vibes. C’est un bon gars. Il est efficace, bosseur et il connait le reggae. Ça fait longtemps qu’on tourne ensemble, depuis mon projet ‘Enfant Du Soleil’. J’ai fait plusieurs shows avec lui et Jahwed Family. Big up à eux! Pour rester informé des dates de prévues, je vous donne rendez-vous sur mon site internet.”

Tu as quitté les banlieues parisiennes et tu es reparti en Réunion. Rencontres-tu des difficultés artistiques?
Blacko: “Oui, pour les studios, c’est plus difficile à trouver en Réunion, mais je préfère être là-bas pour l’inspiration. Je me lève avec la nature et j’en avais besoin. Vivre à Paris, je n’arriverais plus. J’ai besoin du soleil, de la vraie pluie, des animaux, des insectes, etcetera. À Paname, tu es dans ton appartement, tu entends les voitures et les avions. Tu ouvres la fenêtre, il n’y a pas de couleur, pas d’oiseau, pas de papillons, il n’y a que des bâtiments et un ciel gris.”

En fin d’année 2022, tu avais fait un show à Bobigny (en banlieue parisienne). Tu avais la voix cassée, mais tu as assuré ta prestation. C’est dommage qu’il n’y ait pas eu de grosse promo.
Blacko: “Oui, l’air pollué et le froid de Paris m’ont cassé la voix. J’ai commencé le premier morceau et j’ai senti que cela allé être compliqué de chanter 1h30, mais j’ai été chercher ça à l’intérieur de moi pour le public. Il y avait une vibes de ouf! Mais oui, le travail de promo a été mal fait et ça c’est parce que parfois, les organisateurs pensent qu’avec le nom Blacko, ex-membre de Sniper, ça va péter. Mais non, le travail de promotion doit être fait, l’affichage, la communication, etc. Puisque si les gens ne sont pas au courant, ils ne peuvent pas venir. Tu peux même ressusciter Mickael Jackson, si on ne l’annonce pas, il y a qu’une minorité qui pourra en profiter, mais si tu mets des affiches indiquant qu’à 20h Mickael Jackson est à tel endroit, ça va être rempli (rire).”

Que penses-tu du public belge?
Blacko: “C’est un public qui a la patate et ça se termine en frite (rire). Les concerts en Belgique sont toujours chaleureux et remplis de good vibes! La proximité et l’échange avec le public belge est vraiment positif! Big up à la Belgique et à toutes les personnes qui me soutiennent! Prenez soin de vous!”

Blacko: "Moi-même je me soigne avec la musique et elle m'accompagne tous les jours!"

About the Author

JP Linard

Music-focused writer with roots reggae and raggamuffin preferences. Contributes to Reggae.fr and serves as distributor/interviewer for cannabis publication Soft Secrets.

Genres

Roots Reggae New Roots

Published

May 7, 2024