En tant que fille du légendaire guitariste Earl 'Chinna' Smith, Jah'Mila a grandi dans un monde où le reggae roots était omniprésent. Nous n'avons pas immédiatement remarqué la sortie de son premier album 'Roots Girl' (2022), mais avec ce projet 'Woman Of The Sun', sorti cette année, elle a réussi à attirer notre attention. La façon dont l'artiste combine de manière transparente ses racines jamaïcaines avec des influences d'autres genres, vaut la peine d'être explorée.
Son parcours musical a commencé alors qu’elle était jeune fille. Elle chantait avec la chorale de son école et elle a évolué à partir de là, alors qu’elle vivait encore en Jamaïque; jusqu’à des tournées avec des groupes emblématiques tels que The Wailers, Black Uhuru et Groundation. Grâce à des visites régulières chez sa maman, au Canada, elle a pu s’immerger dans d’autres initiations musicales. Et il y a une dizaine d’années, elle a finalement décidé de s’installer définitivement en Nouvelle-Écosse.
Jah’Mila: “Je crois que mon art, ma créativité et la musique que je fais ont été fortement influencés, principalement par mon éducation en Jamaïque. Déménager ici en Nouvelle-Écosse était un aperçu d’un tout nouveau monde. Cela m’a également influencé.”
L’enregistrement de l’album ‘Woman Of The Sun’ s’est fait au Canada et en Jamaïque. Sur les chansons qui ont été enregistrées à Kingston, nous entendons la batterie de Sly Dunbar, les claviers de Robert Lyn et le travail de guitare de son père Earl ‘Chinna’ Smith. Jah’Mila explique que ses amis et sa famille à Kingston sont enthousiastes à l’idée de voir comment sa carrière musicale au Canada prend son envol; ils la soutiennent pleinement dans cette démarche.
La manière dont Jah’Mila parvient à réunir ses mondes musicaux est illustrée sans équivoque dans la chanson ‘East Coast Family’, avec un clin d’œil au classique ‘Bam Bam’ de Sister Nancy. Ce qui agrémente réellement ce morceau, c’est d’entendre des artistes canadiens locaux tels que le chanteur R&B Aquakultre et le rappeur Wolfcastle, ainsi que l’apport surprenant de Wendy MacIsaac qui, vers la fin de la chanson, nous offre un véritable exemple de fusion avec son jeu de violon celtique. Mila a joliment résumé par: ‘Je suis tellement reconnaissante que cette chanson soit une représentation de la coexistence culturelle.”
Le titre éponyme de l’album, ‘Woman Of The Sun’, nous emmène dans les sphères du lovers rock. En termes de contenu, la chanson parle de l’émancipation des femmes. Le fait que ce morceau contient un featuring de la légende du deejay U-Roy confirme le lien profond de Jah’Mila avec ses racines jamaïcaines. Un lien que l’on retrouve dans ‘Never Fail’, notre morceau préféré de l’album, avec le contenu d’une ode entraînante à la foi en Jah.
D’autres hommages aux racines jamaïcaines de Mila peuvent être trouvés dans ‘We Got Love’, écrit par le père Chinna, le sulfureux ‘Déjà Vu’, ‘Slow Down’ et ‘Reggae Nuh Dead’ avec une performance prometteuse de Kairo McLean (quinze ans).
La sonorité un peu plus pop de ‘Bad Habit’, avec des cordes de Symphony Nova Scotia et un featuring avec le rappeur Kayo, ainsi que le titre R&B quelque peu jazzy ‘Beloved’, ne nous ont pas autant séduits.
Ce nouveau projet ‘Woman Of The Sun’ nous a charmé par le talent de Jah’Mila. C’est un album qui mérite grandement d’être exploré et écouté.
Converti au reggae à la fin des années 1970. Anciennement membre de Burnin' Ash et Tsjaka Band. Récemment revenu à la composition et à l'écriture de chansons avec un accent sur les dimensions spirituelles et sociales du reggae.
December 15, 2024