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The Ligerians (Gabriel Bouillon): "Avec les réseaux informatiques, aujourd'hui tout est connecté, mais cela a enlevé la nécessité qui existait avant, ou pour collaborer avec certains musiciens ou artistes on devait absolument voyager en Jamaïque pour le faire!"
Interview July 16, 2024

The Ligerians (Gabriel Bouillon): "Avec les réseaux informatiques, aujourd'hui tout est connecté, mais cela a enlevé la nécessité qui existait avant, ou pour collaborer avec certains musiciens ou artistes on devait absolument voyager en Jamaïque pour le faire!"

Het festivalseizoen komt stilaan op stoom en dus maken we jullie alvast graag even warm voor enkele data, zoals bijvoorbeeld donderdag 1 augustus wanneer Nadia McAnuff & The Ligerians de aftrap mogen geven op Helden in het Park in Eeklo. Wij hadden een kort gesprek met Ligerians-gitarist/vocalist Gabriel Bouillon...

By Jah Rebel

Gabriel, bonjour… Pour les gens qui ne sont pas français ou qui ne sont pas francophones, je voudrais simplement commencer l’interview en vous demandant de nous expliquer d’au vient le nom du groupe, The Ligerians?
Gabriel Bouillon (guitare/chœurs): “Le mot français “ligérien” indique les gens qui vivent au bords de la Loire et vu que tous les membres du groupe sont de cette région nous avons anglifié ce mot un tout petit peu et c’est devenu The Ligerians. En fait, je me souviens encore que quand on cherchait un nom pour le groupe, j’avais vu une plaque touristique ou on avait traduit “Les châteaux de la Loire” en anglais comme “The Ligerian castles”. Vu que ça sonnait aussi dans la tradition des noms de certains groupes légendaires dans le reggae, en tant que backing band ce nom fonctionnait très bien.”

Quels sont les liens entre les différents membres du groupe?
Gabriel Bouillon: “Personnellement je suis arrivé à Tours après le lycée et je me suis inscrit au conservatoire dans une école qui s’appelle Jazz À Tours. C’est là que j’ai rencontré Emma Hocquellet, notre claviériste, et ensuite, je dirais que plusieurs passionnés de reggae se sont retrouvés. Un certain moment, le groupe n’existait pas encore, on a commencé à travailler sur des morceaux de Rod Anton et tout est parti de là! Certains membres qui étaient là tout au début on depuis quitté le projet pour faire des autres choses, mais le noyau dur du groupe a toujours resté le même, avec François Lattouf à la batterie, Emma aux claviers, moi à la guitare et Jacob Trzepizur à la basse.”

En tant que français blanc, pourquoi est-ce que t’as choisi de jouer du reggae?
Gabriel Bouillon: “Je pense que “français blanc” aujourd’hui ne veut plus rien dire… Peut-être que j’extrapole, mais après la Deuxième Guerre Mondiale en France on vit dans une société mondialisée. J’ai grandi avec des parents qui écoutaient de la musique américaine comme Bob Dylan ou Jimi Hendrix, mais qui avaient des disques de Bob Marley et Burning Spear dans leur discographie aussi. J’ai commencé à apprécier cet musique très tôt, donc je ne suis jamais allé chercher cette musique, car elle était toujours présent. Quand j’ai écouté Bob Marley pour la première fois, je pense avoir eu deux ou trois ans! La culture reggae que j’ai, je me le suis faite, mais seulement parce qu’elle était très accessible; un de ces privilèges qu’on a en grandissant à l’occident. J’ai facilement pu trouver tout de cette culture jamaïcaine, anglaise et finalement mondiale dont j’avais besoin. Même si j’écoute plein d’autres choses, c’est mon choix de musique quoi! C’est devenu comme une évidence pour tous les membres des Ligerians.”

Comme tu viens de mentionner, pour The Ligerians tout a commencé avec Rod Anton. Depuis vous avez travaillé avec des artistes variés comme Joe Pilgrim, Chezidek, Nai-Jah et Nadia McAnuff. Est-ce que je peux quand-même dire que Rod gardera toujours un place spéciale pour The Ligerians?
Gabriel Bouillon: “Bien sûr! On a toujours essayé de ne pas faire de la hiérarchie entre les artistes avec lesquels nous travaillons ensemble, que ce soit Chezidek, qui vient du Jamaïque et s’est déjà fait un nom dans le circuit, ou Rod Anton, qui a plus ou moins débuté avec nous. Nous avons faits trois albums avec Rod et nous jouons encore toujours ensemble pour ces concerts, donc évidemment notre relation avec lui est un peu plus solidifié. Mais chaque fois qu’on choisit d’aborder un nouveau projet avec un nouvel artiste, on donne priorité à ce projet. Chaque chose en son temps! On essaye de prendre le temps pour bien faire nos productions et de tirer tout le monde qui y participe vers le haut!”

The Ligerians est un groupe de cinq personnes, comment vous prenez la décision de travailler avec tel ou tel artiste?
Gabriel Bouillon: “C’est différent à chaque fois! Nai-Jah, par exemple, on l’a rencontré par hasard quand on travaillait avec Joe Pilgrim, parce qu’ils étaient à Lyon ensemble et il est venu nous joindre sur scène un soirée. Finalement on est devenu des bons amis, donc pour nous c’était une évidence de sortir quelque chose avec lui. Nadia, c’est une autre histoire… Je me souviens l’avoir écrit un message sur internet en lui parlant d’une sortie qu’elle avait faite. On a commencé à discuter - c’était pendant le confinement COVID-19, donc on avait tous le temps - et elle m’a confié que Linval (Thompson, red.) lui avait déjà parlé de nous. Du coup j’ai proposé aux autres membres du groupe de faire quelque chose ensemble avec Nadia et on a fini en lui envoyant quelques riddims qu’on avait faits. Il y a certainement des types de voix qu’on aime beaucoup dans le groupe, et parfois on approche même des artistes, mais nous ne forçons jamais les choses, parce que cela ne fonctionne pas. Chezidek était en France parce qu’ils travaillait avec l’équipe de Irie Ites Records et on a joué ensemble pour ce projet (‘Never Stop’, 2023, red.). Du coup il nous a dit qu’il allait nous joindre dans notre studio pour enregistrer le morceau, mais au lieu d’une chanson on a fini d’enregistrer dix et c’est devenu l’album ‘Timeless’! (rire) Quand les choses se présentent comme cela, on les prend avec nos deux mains évidemment!”

Je pense que vous êtes d’accord quand je dis que The Ligerians est une équipe de reggae roots. Entre cette musique et la philosophie Rasta il y a toujours eu comme une sorte de symbiose. Est-ce qu’elle joue un rôle dans le groupe aussi?
Gabriel Bouillon: “Non, pas du tout! Notre relation est amicale et je dirais qu’on parle de tous ces choses, parce que d’une façon ou l’autre on a tous été touché par cette philosophie Rasta, même si c’était juste en écoutant cette musique. Donc on connait tous l’histoire de Haile Sélassié, Marcus Garvey et les débuts de la philosophie Rasta au Jamaïque, mais personnellement j’ai trouvé cela très compliqué de louer un roi en Ethiopie. Par contre, je comprends tout-à-fait l’historicité que les Rastas donnent à la Bible; il démystifient les histoires dans la Bible pour expliquer les liens entre la ligne royale Salomonique en Ethiopie et le roi biblique Solomon et le reine de Saba. Haile Sélassié étais aussi un de fondateur du panafricanisme ce qui resonnait aussi chez les descendants des esclaves dans les îles des caraïbes. Donc même si je ne m’associé pas avec la philosophie Rasta, je le soutien et je souscris même leur thèse ou perception biblique! Leur combat est assez universel, mais finalement je ne vais jamais louer un fois, un philosophie ou un mode de vie qui n’est pas le mien.”

Aujourd’hui je pense qu’on puisse dire que la France a une scène reggae roots plus grande que la Jamaïque. Je me souviens encore de l’époque ou le plus grand rêve pour un groupe ou un artiste reggae européen c’était de pouvoir aller registrer en Jamaïque. Est-ce encore le cas aujourd’hui?
Gabriel Bouillon: “Bon, c’est vrai que si on nous disait qu’on pouvait aller enregistrer en Jamaïque, nos valises sont prêts! (rire) Même si c’était juste pour revoir tous les gens qu’on connait là-bas ou de pouvoir visiter les lieux d’enregistrement mythiques. Mais nous n’avons pas nécessairement une vocation pour aller enregistrer là-bas quoi. Si un jour l’occasion se présente, volontairement. Cela dit, avec les réseaux informatiques, aujourd’hui tout est connecté, mais cela a enlevé la nécessité qui existait avant, ou pour collaborer avec certains musiciens ou artistes on devait absolument voyager en Jamaïque pour le faire.”

The Ligerians (Gabriel Bouillon): "Avec les réseaux informatiques, aujourd'hui tout est connecté, mais cela a enlevé la nécessité qui existait avant, ou pour collaborer avec certains musiciens ou artistes on devait absolument voyager en Jamaïque pour le faire!"

About the Author

Jah Rebel

Cofondateur aux côtés de Jah Shakespear qui a transitionné vers ce rôle fin 2014. A précédemment travaillé comme critique et journaliste, équilibrant ses passions pour la musique et la spiritualité Haile Selassie.

Genres

Dub Roots Reggae New Roots Nyahbinghi

Published

July 16, 2024