Le film en trois parties, sorti en interne, s’apparente à la série ‘Strain Hunters’, qui raconte comment des connaisseurs du cannabis se rendent dans des plantations isolées du monde entier à la recherche de variétés inconnues. Rien d’étonnant, bien sûr, quand on est en voyage avec Mister Strainhunter en personne, Simon, et quand on sait que ‘Strain Hunters’ a également financé ce voyage. Seulement, le voyage de trois semaines au ‘Congo, The Lost Tale’ s’avère bien plus fascinant et aventureux que la destination rêvée.
Christokongo est l’indicatif de Christophe Nkosimaku, un nom qui lui a été donné par une communauté traditionnelle congolaise. Après un rituel de purification de quatre jours et une cérémonie en l’honneur des ancêtres, la première pluie de la saison tombait soudainement. “Les gens devenaient tous fous,” raconte Christophe. Nkosimaku est le nom de l’homme qui a découvert le feu, l’allumeur de feu.
Les Rastas congolais
La rencontre avec les rastas de la Fédération des Rastas du Congo (FERACO) est cordiale et presque attachante. Le peu d’anglais qu’ils parlent a un accent jamaïcain et de temps en temps quelqu’un crie: “Rastafari!”. Ils portent des chemises avec des motifs vert-jaune-rouge et de somptueuses images d’Hailé Sélassié. Et avec Simon et Christophe, qui arborent tous deux de belles dreadlocks, ils partagent naturellement leur amour de la ganja ou “bangi”.
Tous deux sont équipés d’une caméra Go Pro et d’un selfie stick, ce qui donne des images dynamiques, même si nous passons parfois de longues minutes à foncer dans la savane à moto, ou à naviguer dans de grands pirogues sur des rivières qui n’en finissent pas.
Forêts de cannabis
Lorsque les Portugais sont venus pour la première fois explorer l’intérieur du pays il y a environ 500 ans, ils y ont trouvé des forêts entières de cannabis. La plante y poussait probablement depuis des temps immémoriaux, et les habitants savaient également comment l’utiliser, des fibres aux fleurs.
Aujourd’hui, il faut voyager pendant des jours pour voir une plantation de quelque taille que ce soit, se sont vite rendu compte Simon et Christophe. Si le “bangi” a également eu mauvaise presse au Congo au cours du 20ème siècle, c’est l’une des conséquences néfastes de la colonisation (par les Belges !) et de l’application du droit international.
Des soldats armés
En chemin, il y a souvent (et parfois longtemps) des négociations à mener. Avec les chefs, avec les agents, avec les soldats armés et les vigiles, avec les anciens du village… Nous sommes les témoins privilégiés de conversations franches. Simon et Christophe ne cachent pas leur mission, mais ce n’est pas pour autant qu’ils peuvent accéder aux plantations ou aux entrepôts. Les élections approchent, et cela aussi a rendu certaines personnes nerveuses. Hormis leurs passeports, les Strain Hunters ne disposent d’aucun document officiel pour justifier leurs actions. Ils doivent sans cesse raconter la même histoire, avec des pourquoi et des comment.
Une expérience époustouflante
Une fois, dans un village perdu, après trois jours de négociations, ils obtiennent enfin des indications concrètes. Mais ils sont arrêtés à peine quelques kilomètres plus loin par une milice improvisée qui leur réclame de l’argent.
De temps en temps, les habitants déterrent une réserve de ganja, fraîche et parfumée, de couleur vert foncé, qui brûle à peine lorsqu’elle est consommée, mais qui couve plutôt. C’est époustouflant”, juge Simon après avoir tiré un grand coup d’un vieux bang en bois, preuve selon lui que la consommation de cannabis au Congo doit être une tradition ancestrale.
Plantes aplaties
Nous nous retrouvons finalement dans un champ de ganja, où un herboriste local cultive ses plantes. Simon lui exprime sa reconnaissance et lui donne quelques conseils, qu’il accepte en guise de remerciement.
Dans le deuxième épisode, les deux hommes s’envolent de l’ouest du Congo vers le lointain
Kisangani, vers
Orientale, selon plusieurs personnes le Westmoreland de la région, d’où provient la meilleure ganja. Pour l’instant, le voyage n’a pas eu les résultats escomptés, à part quelques plantes fanées ; pour cela, il faudra attendre la troisième partie de ce documentaire extraordinaire, une œuvre organique à tous points de vue. Les deux protagonistes s’expriment dans des interviews montées, comme c’est le cas dans de nombreux documentaires professionnels.
Marcus Gad, Eek-A-Mouse
Un mot encore sur la bande sonore : elle va de la musique traditionnelle congolaise et du nyahbinghi à Marcus Gad et Ganja Smuggling (Eek-A-Mouse) dans un style drum & bass. En soi, c’est une raison suffisante pour continuer à regarder. Et tous les artistes ont personnellement donné leur accord pour l’utilisation de la musique.
Le documentaire complet paraîtra le 20 avril (4/20!) sur YouTube en plusieurs épisodes. Abonnez-vous à
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